L'éducation motrice fondamentale (EMF), s'apparente à la psychomotricité perceptivo-motrice. Il s'agit avant tout d'une éducation physique adaptées aux caractéristiques physiques et psychoaffective des enfants de la moyenne enfance (2,5 à 8 ans). Attention, il ne s'agit pas ici de faire du "sport" car le sport est régit par des règles strictes et donne lieu à des compétitions avec une recherche de performance.

L'objectif principal de l'éducation motrice fondamentale est d'amuser et de former par le mouvement. Il faut respecter les orientations prônées par la psychomotricité classique mais sans "intellectualiser" les séances qui deviendraient alors trop statiques. L'enfant a besoin de bouger. Les leçons d'éducation motrice fondamentale doivent être dynamiques. Si la part des exercices psychomoteurs proposés dans la littérature nous paraissent relativement peu naturels, c'est parce qu'ils s'éloignent le plus souvent des jeux traditionnels et de la pratique sportive qui en découlera par la suite.

L'approche éducative proposée se base sur la taxonomie de Harrow qui classe l'ordre d'apparition des comportements moteurs. Selon cette taxonomie, entre 2,5 et 8 ans l'éducation motrice doit se focaliser sur le développement des grands mouvements fondamentaux. En effet, le travail de ces qualités à l'intérieur de cette tranche d'age est fondamental et une stimulation perceptivo-motrice adaptée devrait contribuer à l'apprentissage et au développement de l'enfant.

Pour rendre le programme le plus adapté possible à l'âge et aux possibilités des enfants, il est nécessaire de tenir compte de différents points clés.

a) Développer l'ensemble des grands mouvements fondamentaux

Les activités proposées doivent permettre à l'enfant d'acquérir un répertoire gestuel le plus étendu possible, qui lui sera utile en vue d'apprentissages futurs.

Le programme doit être composé de séances qui reprennent l'entièreté des grands mouvements fondamentaux accessibles aux enfants (mouvements locomoteurs, non-locomoteurs et manipulatifs). C'est pourquoi il inclut des jeux sportifs se rattachant à des disciplines aussi diverses que la gymnastique, le basket-ball, la natation, l'athlétisme ou le hockey. L'enfant aura ainsi l'occasion, à travers les différentes activités de courir, sauter, lancer, attraper, lutter, tourner, se suspendre ou encore se servir d'un instrument (crosse, raquette, etc.).

b) Développer l'ensemble des aptitudes perceptives

Tout comme les grands mouvements fondamentaux, les principales aptitudes perceptives (visuelle, tactile, kinesthésique et auditive) devront être stimulées, certaines l'étant évidemment plus que d'autres à un âge déterminé (voir plus bas). Il faut à tout prix éviter de grosses lacunes au niveau de certaines aptitudes perceptives car celles-ci risquent de se maintenir durant toute la croissance de l'enfant et il sera très difficile d'y remédier efficacement par la suite.

c) Tenir compte de l'existence de périodes critiques

Il existe un âge d'or pour l'apparition de chaque aptitude ou comportement moteur. C'est ce que plusieurs auteurs appellent "périodes critiques" ou "périodes sensibles".

La période critique représente l'intervalle de temps, l'âge particulier au cours duquel certaines réponses motrices s'apprennent ou apparaissent de façon plus ou moins irréversibles avec un maximum de facilité ou d'efficacité. Le fait que cette période soit limitée dans le temps la qualifie de période critique. Au-delà de cette période, l'acquisition de certains comportements s'avère très difficile voire impossible. Il est donc important, en concevant le contenu du programme, de prendre en compte ces périodes critiques afin de proposer aux enfants des activités spécifiquement adaptées à leur âge.